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  • VMY - Dimanche 5 mai 2019

    • Le 05/05/2019

    Villa Marguerite Yourcenar - Dimanche 5 mai 2019

    Au lieu decrireAu rez-de-chaussée il y une salle d'exposition, Benoît Galibert a accroché une suite de photographies de bureaux d'écrivain(e)s. On voit des tables recouvertes de livres, d'autres plus minimalistes avec seulement un ordinateur, d'autres qui ressemblent à de véritables cabinets de curiosités. Le nom de l'auteur(e) est inscrit sur un cartouche, l'imagination a le temps d'essayer de trouver l'identité du coupable avant de découvrir son nom. Chaque matin, je descend et regarde les bureaux de mes contemporains, dans la pénombre je scrute ce qui a pu donner lieu à tel ou tel livre, et je remonte m'assoir au bureau mien où il n'y a pas grand chose, deux ordinateurs, une tasse de thé, un cahier, un crayon, un stabilo et mes lunettes que j'enfile avant de me mettre à écrire. Le vernissage de l'exposition 'Au lieu d'écrire' a lieu le 9 mai 2019 à 18:30.

    [Photographie © Benoît Galibert - Au lieu d'écrire / Patrick Deville, Saint-Nazaire, 5 juillet 2016]

    SableSablé-sur-Sarthe, le film de Paul Otchakovsky-Laurens (P.O.L.) était posé sur la table basse du salon. J'avais eu connaissance de ce film à la mort de P.O.L. et je m'étais souvenue de notre unique rencontre à la Villa Gillet, nous avions parlé traduction et écriture, à la fin de la discussion il m'avait tendu sa carte et me faisant promettre de le contacter le jour où j'aurais un manuscrit. Aujourd'hui je regrette de ne pas l'avoir fait, de m'être laissée porter par le vent plutôt que par des choix. J'ai regardé ce film-documentaire, sorte d'auto-biographie de l'enfance dans une ville de province, et pendant un court instant j'ai mieux connu cet homme doux, intelligent, fin, aux multiples fêlures. Se superposaient aux images du film les yeux embués de N. chaque fois qu'elle parle de lui et que lui remontent à la gorge les souvenirs de son éditeur et ami. 

    Après-midi à Bailleul, L'autre festival auquel nous sommes invitées mes colocataires et moi. L'idée est de montrer un extrait de film en lien avec le thème des frontières, en lien avec notre propre écriture. J'ai apporté un DVD d'Océan de Catherine Martin, cinéaste québécoise dont j'aime le travail plus que tout. Océan est le nom du train qui relie Montréal à Hallifax, on voit dans ce film-documentaire les vies qui animent ce train-couchette, conducteurs, femmes de chambre, cuisiniers, serveurs, femmes de ménage, passagers. Le paysage défile - tatactatoum - dans un bruit de tambours et de ferraille, seule la fin du film nous offre une silence d'instruments à cordes et une vue qui s'ouvre sur l'étendue bleue de l'océan. J'aime ce film car il parle des frontières, intérieures, extérieures, de langues (ici l'anglais et le français), de classes, d'histoire (avec ces gares qui n'existent plus et qui font disparaître avec elles des villages entiers). Mélancolie des films de Catherine Martin, toujours d'une justesse incroyable.

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    Img20190505201136Img20190505201206Marie Anne Plet est sortie de Facebook pour entrer dans ma réalité. Fervente lectrice et grande cuisinière, elle est venue de Chereng pour nous écouter lire. Femme généreuse et pleine d'humour elle m'a offert un gâteau aux couleurs de Mon citronnier ainsi que deux litres de soupe aux légumes pour réchauffer mon corps d'auteure gelée par les intempéries du Nord. Savoureux, délicieux et inoubliable !

     

     

     

    Tel aviv on fire 2018Après la rencontre, nous avons assisté à la projection du film Tel Aviv on fire. Je ne vous dis rien, allez le voir ! 

    Synopsis : Salam, 30 ans, vit à Jérusalem. Il est Palestinien et stagiaire sur le tournage de la série arabe à succès "Tel Aviv on Fire !" Tous les matins, il traverse le même check-point pour aller travailler à Ramallah. Un jour, Salam se fait arrêter par un officier israélien Assi, fan de la série, et pour s’en sortir, il prétend en être le scénariste. Pris à son propre piège, Salam va se voir imposer par Assi un nouveau scénario. Evidemment, rien ne se passera comme prévu...

     

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  • VMY - Samedi 4 mai 2019

    • Le 04/05/2019

    Villa Marguerite Yourcenar - Samedi 4 mai 2019

    La deuxième nuit a également été agitée, sorte de chorégraphie pour lutter contre un oreiller qui a été limogé à la première heure ce matin, remplacé par un autre qui devrait mieux convenir au repos. Hasard des nuits sans sommeil, j'ai enfin terminé d'écrire le recueil Insomnies. Cette suite de textes en prose fait écho aux photographies de Romain Lamberet, il ne nous manque plus qu'un éditeur. 

    Après-midi touristique. Nous avions entrepris d'aller faire un tour en Belgique afin de prendre le télésiège qui relie le Mont Noir au Mont rouge. La météo indécise - grand soleil, vent, grand soleil, pluie, grand soleil, grêle, grand soleil - n'a pas permis aux propriétaires d'ouvrir au public. Les sièges pendaient dans le ciel, vintage et colorés, nous y retourneront un jour de vent calme. 

    Consolation en terrasse (soleil), puis en salle (pluie), puis en terrasse (soleil). Les boissons proposées sont multinationales (Coca & co.) ou belges comme le Cécémel, un lait chocolaté. Aller-retour par les bois, le long de la frontière franco-belge, derrière Geneviève Parot qui maîtrise la lecture des cartes et le sens de l'orientation. Un distributeur de sacs de pomme de terres au bout de la rue et un cimetière militaire au détour d'un chemin, pas de Brexit sous la pelouse et les fleurs, soldats anglais et français dorment ensemble désormais.

    La bibliothèque de la villa est immense, frustration de ne pouvoir tout lire, envie de ne faire que ça un mois durant, impossible, il faut écrire. J'ai lu Le rêve de Martin de Françoise Henry ma colocataire, commencé Étude pour saint Dominique de Dominque Sampiero à propos de l'oeuvre d'Henri Matisse. M'attendent Carole Fives, Jean Echenoz, Simonetta Greggio, Marguerite Yourcenar, Carine Fernandez et Geneviève Parot mon autre colocataire.

    Je n'ai pas parlé d'Annick, notre intendante, qui a rempli le frigidaire de victuailles afin que nous ne mourions pas de faim pendant le week-end. Ce soir lasagnes ! Demain un roman à écrire.

     

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  • VMY - Vendredi 3 mai 2019

    • Le 03/05/2019

    Villa Marguerite Yourcenar - Vendredi 3 mai 2019

    La première nuit a été agitée, sorte d'insomnie entrecoupée de soupirs, expérience propice au premier texte de ma longue liste de choses à faire. Celui-ci parle d'une femme qui a peur de l'eau et qui doit dormir dans un bateau. Elle ne dort pas, je n'ai pas dormi.

    Tentative d'aller-retour à pied à Saint-Jans-Cappel. Ce n'est pas si loin, sept kilomètres en tout, une jolie descente, une terrible remontée. Le village est assez désert, une épicerie de produits issus de la ferme, un coiffeur, une pharmacie, une boulangerie et le musée Marguerite Yourcenar. 

    Un documentaire de la RTBF y est diffusé (je n'ai pas réussi à le retrouver sur Internet), 20 minutes qui retracent la vie particulière de cette femme de lettres. Orpheline de mère peu après sa naissance, elle est non seulement élevée mais éduquée par son père, homme érudit à la belle moustache, qui lui enseigne le grec et le latin et l'emmène en voyage partout en Europe. On la voit s'exprimer à propos de sa jeunesse et de ses écrits et l'on ne peut s'empêcher d'aimer cet accent aristocratique et cette façon de sur-articuler les mots. Genèse des trois oeuvres qui ont donné le nom des trois chambres de la villa où j'habite (Hadrien, Zénon et Alexis) : Mémoires d'Hadrien, de L'oeuvre au noir, et d'Alexis ou le Traité du vain combat ; genèse aussi de ses amours compliquées, plurielles, fougueuses que j'ai hâte de lire partiellement dans Feux

    Les murs du musée sont recouverts de cadres qui contiennent photographies et textes dans un souci de chronologie thématique. On y lit l'enfant, l'adolescente, la jeune femme écrivain, l'amoureuse, l'académicienne, la Flamande, l'Américaine, et enfin l'écologiste. Car il semblerait que Marguerite Yourcenar ait été une fervente protectrice des animaux au point d'inciter Brigitte Bardot à aller sauver les bébés phoques (BB prétend ne jamais avoir reçu la lettre de Marguerite et dit en avoir eu l'idée toute seule... mystère). 

    La guide du musée connaît l'histoire de Marguerite comme si elle avait côtoyée l'auteure. Elle en parle avec tendresse, on sent qu'elle aime ce lieu et les fantômes qui y habitent.

    Retour à pied donc, après avoir acheté légumes, fromages, tisanes et cookies de la ferme. Le printemps s'éveille peu à peu. J'ai traversé des champs de blé que j'ai pris pour du houblon dans ce pays de bière, mais je n'y connais rien. Les maisons de briques pointaient leurs toits par-delà le vert qui doucement devenait orange.

    J'ai posté une annonce pour louer un vélo électrique.

     

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  • VMY - Jeudi 2 mai 2019

    • Le 02/05/2019

    Villa Marguerite Yourcenar - Jeudi 2 mai 2019

    Réveil à l'aube pour prendre le train en direction du Nord. Sentiment mitigé entre la bonheur de partir en résidence d'écriture et la mélancolie de savoir que ce soir nos deux lits seront vides.

    La villa est perdue dans les bois, briques et pierres au milieu du printemps, on entend des oiseaux qui piaillent, gazouillent ou chantent - je n'y connais rien - je vais devoir m'habituer à leur présence.

     

    J'ai bougé tous les meubles de ma chambre, besoin de plus d'espace, de plus de lumière et de faire de cette habitation mon nid pour les quatre semaines à venir.

    La Belgique est à 750 mètres, un ancien poste de frontière a donné naissance à un village où l'on ne vend que des cigarettes, de l'alcool, des chips et des bonbons, parfois des sacs-à-main ou des fleurs. Il me faudra donc marcher ou pédaler ailleurs pour trouver de la nourriture.

     

    J'ai commencé à écrire, un texte qui fait suite au festival Lettres nomades 2018. Plus d'un an est passé mais j'aime l'idée d'écrire ce texte de retour, ici, dans le Nord.

    Mes colocataires sont Geneviève Parot et Françoise Henry, nous apprenons à nous connaître, nous glissons lentement d'une conversation polie et structurée à quelque chose de plus intime qui laisse échapper le rire.

    Demain il faudra travailler, un roman est en attente, moi aussi.

     

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