Fêtes consulaires - 01/07/2017

Sur le stand Ville de Lyon, L'université de Lyon invite Samantha Barendson - poète et romancière lyonnaise, ancienne étudiante de l'Université Lumière Lyon 2 qui travaille actuellement à l'Ecole normale supérieure de Lyon - à partager son expérience au sein de l'UDL.

La rencontre sera animée par deux étudiants de Lyon 2 et suivie d'une lecture.

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Rencontre avec Samantha Barendson lors des Fêtes consulaires 2017 

Dans le cadre de l’édition 2017 des Fêtes consulaires à Lyon, deux étudiants de l’Université Lumière Lyon 2, Matthieu Dermendjian et Christel Vanderheyden-Visée, ont échangé avec l’auteure Samantha Barendson accompagnée de Thierry Bonnet, Consul honoraire du Mexique à Lyon et fin connaisseur de littérature latino-américaine.



Née de père italien et de mère argentine, et ayant grandi au Mexique, Samantha Barendson, auteure et romancière installée à Lyon, nous parle de son expérience d’écrivaine et de la manière dont ses expériences multiculturelles ont influencé son travail.

Elle obtient en 2015 le Prix de poésie René Leynaud « Résistance & émergence ».

Comment as-tu démarré l’écriture ?

Mon éditeur actuel cherchait de nouveaux talents à publier, je lui ai envoyé un travail en cours qui lui a immédiatement plu, il m'a encouragé à poursuivre et de cette rencontre est né mon recueil Le citronnier, l’histoire de la mort mon père avec un retournement de situation assez important à la fin de l’histoire.

As-tu toujours voulu devenir écrivaine ?

J’ai toujours été intéressée par l’écriture mais j'ai d'abord côtoyé le domaine de la traduction. J’ai étudié la traduction littéraire hispanique sur le site de Bron de l’Université Lumière Lyon 2 mais, à force de traduire les textes des autres, j’ai eu envie de me lancer dans ma propre écriture.

C'est Marían Durán, professeure à l’Université Lumière Lyon 2, qui a éclairé mon chemin et m’a encouragée à me lancer dans l’écriture. Je me rappelle qu’elle nous avait confié comme travail de rédiger un court texte autobiographique à l'instar de l'auteur espagnol Carlos Barral. Emportée par le sujet, j’avais fini par écrire un texte d’environ 40 pages.

Je dirais que mes cours à l’université m’ont permis de développer mes goûts littéraires et de m’initier au plaisir de l’écrivain.

Qu’est-ce qui oriente tes choix, les sujets sur lesquels tu écris ?

Je m’inspire principalement de ma propre expérience et parfois des sujets qui touchent mon entourage et qui me servent de prétexte pour commencer à écrire. C’est notamment le cas de ma prochaine fiction sur la thématique du coming out, qui m’a été inspirée par l’expérience de l’un de mes meilleurs amis.

En ce qui concerne le travail d'écriture, je me repose beaucoup sur mon intuition, j’ai du mal à appréhender la rédaction d’une œuvre dans son entièreté. Je ne suis pas quelqu’un d’extrêmement méthodique. Par exemple, mon roman est une sorte de récit fragmenté, quelque chose à mi-chemin entre la narration et la poésie.

Enfin, mes diverses connaissances linguistiques influencent clairement mon travail et m'aident à apporter une attention particulière à la composition musicale et a au rythme des textes. Par l'écriture, je souhaite éveiller tous les sens des lecteurs.

De par mon amour pour la lecture, j’ai été tenté d’écrire mais, étrangement, plus je lis et plus j’ai des complexes à sauter le pas. Comment selon toi peut-on résoudre ce problème et éviter le syndrome de la page blanche ?

Pour ma part, j’ai beaucoup lu mais je savais que je voulais écrire. J'ai commencé par écrire des pièces de théâtre et des nouvelles mais, par une belle nuit d'été, j'ai lu Les corps du délit du poète valencien Alfons Cervera et j’ai immédiatement répondu par soixante-trois poèmes en trois jours, Les délits du corps/Los delitos del cuerpo.

Et le syndrome de la page blanche ?

Je ne souffre pas véritablement de ce mal (rires), je trouve toujours beaucoup de sujets qui me donnent envie d’écrire. En revanche j’ai peur que les prochaines pages ne soient jamais aussi bonnes que les dernières.

Abordes-tu de la même façon la rédaction de poésie et celle d’un roman ?

Mon travail de romancière est très différent de celui de poète, il y a un travail d’architecture beaucoup plus important à effectuer, il faut une cohérence plus grande au niveau de la structure, des personnages, des décors, etc.

Par exemple, pour l'adaptation du recueil Le citronnier en roman, j’ai dû fictionnaliser le récit. Je pensais simplement pouvoir ajouter une suite à la version courte mais cela ne fonctionnait pas. J’ai dû démonter le livre à de nombreuses reprises, lui recréer une ossature, compléter les ellipses avec de la fiction, etc. Le poète Herménégilde Chiasson répète souvent que le romancier ment tandis que le poète dit la vérité.

Tu possèdes cette double casquette romancière et poète, mais que penses-tu de la faible visibilité réservée à la poésie en France ?

En France, la poésie n'a presque pas de visibilité, elle représente une mince part des ventes. On dit que la poésie et le théâtre réunis ne dépassent pas les 1% des ventes totales de livres.

Les gens indiquent généralement qu’ils n’aiment pas la poésie, qu’ils ne comprennent rien, que c’est vieux, bref il y a un certain rejet de la poésie !

C’est justement pour lutter contre ces malentendus que je fais partie du Collectif Le syndicat des poètes qui vont mourir un jour dont l'objectif est de mettre en lumière des poètes vivants et de rendre la poésie accessible à tous et partout.

Généralement, lorsque les poètes partent à la rencontre du public, comme dans le cadre du festival Le printemps des poètes, les retours sont très positifs. Cette année, l'événement Visages d'une poésie vivante du photographe Tanguy Guézo a permis de montrer la diversité de la poésie française, une palette d'hommes et de femmes au parcours multiculturel passionnant.

La poésie parle à tout le monde, il y a simplement un manque d’informations auprès du public, il faut véritablement montrer aux gens la modernité de la poésie.

Nous venons de parler de la situation de la poésie en France, quelle est la place de la poésie au Mexique ?

Le peuple mexicain chante, aime la poésie ! La population possède cette mémoire littéraire qui est plus accueillante à la poésie.

Au Mexique, la poésie s’adresse à tous, la société n’est pas divisée par tranches d’âge, origines ethniques ou classes socio-professionnelles. Dans la société française, on est beaucoup plus formaté, il y a moins de mélange social.

Quel est l’impact de ce mélange multiculturel ?

En côtoyant différentes cultures, nos esprits sont moins enfermés et formatés, ce qui favorise forcément la créativité. La vision que l’on a du monde est très différente suivant la culture dans laquelle on se place.

On est comme des personnes différentes suivant les cultures dans lesquelles nous baignons. La langue est intéressante pour cela. Suivant la langue que tu utilises, tu n’es pas la même personne. La langue vient avec un monde, même notre intonation, notre vitesse de parole est différente suivant la langue que nous parlons.

Oui en effet, ma voix espagnole est plus sexy que ma voix française !